Les civilisations précolombiennes
Une grande partie de la communauté scientifique semble s’accorder sur le fait que l’homme est apparu en Amérique vers 11 000 avant Jésus-Christ. De cette période à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492, ce sont plus de 12 000 ans de civilisations qui se sont succédées et ont fondé l’histoire du Pérou telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Un foisonnement de cultures
Vous viviez en Amérique avant 1492 ? Vous faites malgré vous partie de la civilisation précolombienne. Etymologiquement, la civilisation précolombienne réunit tout autochtone peuplant l’Amérique avant l’arrivée du navigateur italien en 1492. Cependant, si le terme précolombien semble donner une certaine unité à ces civilisations, ni la période, ni les délimitations territoriales ne sont suffisantes pour démarquer nettement une unique forme de civilisation précolombienne.
S’il est évident que l’on peut trouver nombre de similarités entre les modes de vie et d’organisations des cultures précolombiennes, ces points communs ne survivent pas à un examen approfondi. Nous pouvons certes parler d’une civilisation précolombienne, mais contenant un foisonnement de cultures propres et distinctes. De la culture agricole Caral aux fastes politisés du célèbre empire Inca, nous vous proposons un petit aperçu de ces civilisations aujourd’hui regroupés sous le nom de précolombiennes.
Au commencement était la religion
La culture Caral (3 000 avant J-C) est la première forme d’organisation urbaine et religieuse. Symbolisée par la découverte de six pyramides, cette culture trouve son berceau dans la cité de Caral que l’on peut définir comme la toute première ville péruvienne. Caral incarne la mutation d’un système principalement fondé sur la cueillette à des modes d’agriculture organisés.
De la culture Caral, nous voici à présent chez les Chavin (1 000 avant J-C), culture mère des cultures andines et côtières. Peuple fondamentalement religieux, ils vivaient dans les sierras des hautes vallées nordiques et sont à l’origine d’une cosmogonie sacrée aujourd’hui encore d’actualité (jaguar, serpent et surtout l’image du condor roi). Ils sont aussi à l’origine d’une croyance en une dualité de l’univers qui structure le bien et le mal, le jour et la nuit etc.
A la même époque, les Paracas occupaient le littoral sud. Ils sont à l’origine d’un travail textile très développé grâce à l’exploitation de la laine de lamas et d’alpagas, comme par les ponchos ou les pagnes waras. Nombreuses sont les pièces de tissus ornées de motifs d’animaux et de fleurs.
L’avènement de la technique
Directement héritière des Paracas, la culture Nasca s’organise à partir de 300 avant J-C autour de la région désertique d’Ica. Connue pour ses mystérieux dessins d’animaux tracés à même le sol, ce peuple ne peut se réduire à ce simple exploit. L’installation d’un système d’irrigation très sophistiqué ou la création d’aqueducs souterrains font ainsi partie des prouesses de cette civilisation qui se voulait avant tout technique.
Le travail de la céramique trouvera son apogée chez les Mochicas (Ier siècle après J-C), descendants des Chavin et vivant dans la région littorale. Les villes deviennent fortifiées et socialement hiérarchisées, l’agriculture se diversifie et se modernise grâce à l’utilisation d’engrais (le fameux guano) et la Huaca del Sol, pyramide de 41 m de haut, symbolise l’avènement d’une religion imposante et protubérante. Mais le réel savoir-faire des Mochicas se situe dans le travail d’une céramique de couleur qui se veut réaliste pour la décoration funéraire.
Les années passent, la vie continue et les Tiahuanacos apparaissent sur les rives sud du lac Titicaca au IVe siècle… Profitant de la chute des Mochicas et des Nazcas, les Tiahuanacos se sont implantés et imposés comme des sculpteurs de pierre avec d’immenses monolithes retrouvés autour du temple de Kalasasaya.
Vers le fer et la guerre
Les Huaris installés à partir du VIe siècle dans les sierras constituent quant à eux une force guerrière cherchant d’avantage la conquête de nouveaux territoires. Bien avant l’empire Inca, ils mettent au point une réelle stratégie expansionniste annexant les tribus alentours. Nation de grands bâtisseurs, les Huaris sont à l’origine de centres urbains polarisant les activités commerciales, administratives et politiques de la région.
Les Chachapoyas sont surnommés le peuple des nuages car vivant sur le versant oriental des Andes. Ce peuple fascinant habite dans une région très humide, à cheval entre la jungle et les montagnes. Leurs sarcophages et mausolées souvent situés à flanc de montagnes sont très difficiles d’accès et démontrent une réelle maitrise du relief et de la vie en montagne.
Bienvenus chez les Sicán, installés à partir du VIIIe siècle au Nord-est du Pérou, maitres de la métallurgie et de l’artisanat. Exploitant les mines de fer, ils mettent au point un réel savoir-faire dans l’orfèvrerie, comme les masques funéraires ou tumi. Ils font de l’or le symbole des élites. Ils sont aussi à l’origine d’un grand nombre de pyramides dans la vallée Lambayeque où l’on peut en trouver plus de 250 !
Avec plus de 20 000 habitants, la ville de Chan Chan, capitale des Chimú installés sur le littoral nord du Pérou à partir du Xe siècle, constitue l’une des plus grandes cités de la culture précolombienne. Spécialisés dans le travail du cuivre, les Chimú diversifient leurs méthodes afin d’embellir les couteaux et autres objets de sacrifice par des ornements raffinés.
Les Incas, entre grandeur et décadence
Culture la plus célèbre de toute l’Amérique Latine, la civilisation inca se développe au XIIIe siècle. Issu d’une tribu guerrière installée dans la vallée sacrée, la civilisation connaît son apogée sous Pachacutec, le neuvième Inca qui entama une politique d’expansion achevé par son fils permettant d’établir un empire s’étendant sur 4 200 km et sur 4 pays. Cusco deviendra la capitale prestigieuse de cet immense complexe fait d’alliances et de conquêtes.
L’empire inca jouit d’une réelle organisation et rayonne grâce à la large diffusion du quechua dans les provinces annexées. Le territoire est découpé en guamanis reliés par un impressionnant réseau routier. Les villes sont construites essentiellement avec des pierres parfaitement taillées comme le démontre par exemple l’incroyable édifice de Sacsahuaman. L’agriculture s’organise en immenses terrasses avec des systèmes élaborés d’irrigation.
La religion inca est un syncrétisme des nombreux rites des régions annexées et place Inti, le dieu soleil au cœur du culte. Cette religion polythéiste et panthéiste porte une attention particulière aux phénomènes astrologiques.
La conquête espagnole qui signe en 1533 la mort d’Atahualpa, le dernier Inca, intervient lors de guerres intestines au sein de l’empire entre Atahualpa et Huascar son frère. L´empire ainsi affaibli, Pizarro met à sac Cuzco en 1534 et s’emploie à mater les mouvements de résistance incas, mettant ainsi fin aux derniers survivants de la culture précolombienne.
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